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Découvrir la nature avec nos yeux d’expert.e.s

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Question du public
Pourquoi la tortue traverse-t-elle la route?

Pourquoi la tortue traverse-t-elle la route? Entre mai et juillet, elle est fort probablement à la recherche de l’endroit idéal pour pondre ses œufs.

Crème solaire, chapeau, bouteille d’eau, appareil photo et piquenique : check! Tu es fin prêt.e pour ta sortie de juin au parc-nature du Bois-de-L’Île-Bizard. Vroom, en route! Tu y es presque et, soudainement, tu aperçois une grosse tortue avec une longue queue épineuse sur la route. Ouf, tu réussis à la contourner sécuritairement!

« Pourquoi la tortue a-t-elle traverse la route? » (Tu te trouves drôle en pensant why did the turtle (not the chicken) cross the road?*) Mais, pour une fois, cette question humoristique a une véritable réponse et tu es au bon endroit pour la découvrir!

Pourquoi la tortue traverse-t-elle la route?

Entre mai et juillet, elle est fort probablement à la recherche de l’endroit idéal pour pondre ses œufs. C’est le cas de nos tortues d’eau douce. Elle peut faire pas mal de distance pour sélectionner son site de ponte et risque de rencontrer des routes en chemin – allo, fragmentation des habitats! Même que, puisque plusieurs espèces ont tendance à favoriser les sites sablonneux ou ayant du gravier, les accotements de route sont parfois même des options séduisantes.  

Cependant, cela la met plus à risque de se faire frapper par une voiture, ce qui est d’autant plus dommageable pour la population de tortues, car un tel incident lui enlèverait non seulement sa vie, mais aussi celle des embryons qu’elle porte et celles de de toutes ses futures portées.

Après ton piquenique au bord de l’eau, tu t’aventures dans les sentiers. Arrivé.e à la grande passerelle, tu prends un moment pour admirer la beauté du marais et tu aperçois, à ta surprise, une tortue comme celle qui traversait la route. Par chance, tu te trouves devant un panneau qui te permet de télécharger gratuitement un guide d’identification des espèces communes du parc-nature. À l’aide du guide, tu découvres qu’il s’agit d’une… Tortue serpentine!  

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La ponte chez la tortue serpentine

La tortue serpentine, la plus grosse du Québec, atteint la maturité sexuelle autour de 15 ans au Canada, mais pourrait vivre pendant 40 ans, voire plus de 70 ans. (C’est donc possiblement plus de 25 ans de futures couvées que tu as sauvées en évitant la tortue sur la route!) Fait intéressant : elle n’a pas besoin de rencontrer un mâle à chaque année pour produire des embryons viables pendant sa saison de reproduction parce qu’elle a la capacité de garder une réserve de sperme pendant quelques années suite à une rencontre.

Une longue vie et une maturité sexuelle tardive? Ça sonne beaucoup comme une stratégie de reproduction issue de la « sélection k »! Curieusement, elle a aussi des traits associés à la stratégie opposée (ou « sélection r ») : produire d’assez grandes couvées dont elle ne s’occupe pas. Après avoir pondu ses 20 à 40 œufs dans un trou qu’elle a creusé, une activité qu’elle entreprend environ une fois par année (mais pas nécessairement chaque année), elle les enterre, humidifie le sol avec son urine et retourne faire sa vie.  

La concentration se lit sur la face de cette femelle en train de pondre.
Plouc! Les œufs dans le trou!

De braves petits

En contrepartie, ce ne sont pas tous les petits de chaque couvée qui survivent à maturité. Ils sont vulnérables à d’innombrables menaces, surtout pendant les premiers stades de leur existence. Première épreuve : survivre à la couvaison souterraine. Dès leur ponte, et surtout dans les premiers jours, ils risquent de se faire dévorer par des prédateurs, comme les renards, les moufettes et les ratons laveurs qui les dénichent à l’aide de leur odeur. La lutte à la survie est encore plus féroce en milieux urbains où ces derniers, favorisés par la présence humaine (qui leur fournit des sources de nourriture accessibles telles que les ordures), sont plus nombreux. Aussi, les conditions du sol doivent être convenables au développement des embryons. D’ailleurs, la température influence leur vitesse de développement ainsi que leur sexe. Après 60 à 90 jours, les bébés éclosent. S’ils doivent traverser des routes pour retrouver l’eau, cela ne leur rend pas la vie facile non plus!

(ღ˘⌣˘ღ)

Ce que tu peux faire pour aider

En plus d’éviter, tant que possible, d’écraser les tortues qui traversent les routes, tu peux signaler la présence d’une tortue vivante, blessée ou morte sur Carapace.ca pour aider les experts à mettre en place des actions de protection.

Puis, si, un jour, tu décides d’aider une tortue d’eau douce qui traverse la route en la transportant de l’autre côté, il faut te rappeler de toujours l’amener dans la direction où elle marche. Si non, bien déterminée à atteindre sa destination, elle recommencera! Mais, attention pour la tortue serpentine : à moins de connaître la bonne technique pour la faire traverser, vaut mieux ne pas t’en approcher! Avec son long cou et sa mâchoire puissante, ça risque de faire mal!  

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Après avoir signalé ton observation, tu rentres chez toi bien satisfait.e de tes découvertes et de ta bonne action de la journée. Sur la route, tu repenses à la tortue pleine d'embryons qui avait entreprit de traverser la rue. Elle avait un but bien précis, de se décharger de ses œufs... Et comme le poulet qui traverse la rue pour se rendre de l'autre côté, on peut dire que la tortue aussi est bien obstinée à faire pareil.

Véritable tortue serpentine du parc-nature du Bois-de-L’Île-Bizard retrouvée dans une rue avoisinante.

NOTE

* Cette phrase fait référence à la question bien connue Why did the chicken cross the road?, qui sert de blague avec une variété de réponses humoristiques.

Par Éimlie, rédactrice scientifique

Sources images : Corey Seeman, Anne F. Préaux, Rike Berhardt, Moondigger, Everglades National Park, Anne F. Préaux

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Quoi faire?
Pourquoi la monoculture?

Quand tu vois le mot « monoculture » tu imagines peut-être un champ de blé ou de maïs qui s’étend à perte de vue, ou bien une forêt de pins en rangées uniformes. Mais pourquoi la pratique-t-on et quels sont ses impacts?

Quand tu vois le mot « monoculture » tu imagines peut-être un champ de blé ou de maïs qui s’étend à perte de vue, ou bien une forêt de pins en rangées uniformes, ou même la pelouse d’un terrain de golf. Mais pourquoi la pratique-t-on et quels sont ses impacts sur l'environnement? Tu es au bon endroit pour le découvrir!

Pourquoi la monoculture?

La monoculture — soit la culture d’une seule espèce végétale sur une parcelle donnée — est un phénomène en agriculture et en foresterie qui a ses racines dans la révolution verte du 20e siècle. Les avancées technologiques ont permis le développement de variétés de plantes à haut rendement, ainsi que la mécanisation des pratiques culturales et forestières. Les engrais et pesticides chimiques sont également devenus beaucoup plus accessibles durant cette période. De plus, la mondialisation a permis un accès aux marchés internationaux pour les agriculteur.rice.s et exploitant.e.s forestiers. D’un coup, ce n’était plus si intéressant de produire une grande variété de fruits, de légumes et d’autres produits pour répondre aux besoins de la communauté locale; le but est plutôt devenu de maximiser les profits et minimiser les coûts. Dans cette optique, cultiver une seule espèce à la fois sur un grand espace est une pratique très intéressante puisqu’elle permet d’uniformiser et d’augmenter l’efficacité de l’agriculture et la foresterie.

Plus d’enjeux que d’avantages

Cependant, tu te doutes probablement que des champs et des plantations d’arbres uniformes à perte de vue présentent une série d’enjeux, autant pour l’environnement que pour la santé de la culture. Chaque espèce végétale a ses propres caractéristiques en ce qui concerne de la façon dont elle utilise les nutriments du sol, de la profondeur de ses racines et de ses interactions avec les communautés d’insectes, de microorganismes, de champignons, de plantes et d’animaux environnants. Dans un écosystème naturel, la biodiversité fait que toutes les ressources sont utilisées plus ou moins équitablement par les différentes espèces, et donc aucune ressource individuelle n’est épuisée plus rapidement que les autres. Cependant, dans une monoculture, certaines ressources sont utilisées plus rapidement, ce qui oblige souvent l’ajout d’engrais pour pallier ce manque.  

D’autres enjeux sont la perte de résilience d’une monoculture contre les pestes et maladies, ainsi que l’impact sur les pollinisateurs. Une population végétale composée d’une seule espèce est plus vulnérable aux attaques d’insectes ravageurs et de maladies, qui se propageront rapidement d’un individu à l’autre. La grande famine irlandaise est un exemple marquant de ce qui arrive lorsque la nutrition d’une population dépend principalement d’une seule espèce végétale, et que celle-ci est ravagée. Les agriculteurs se tournent alors vers les pesticides pour mitiger ce risque, mais ceux-ci amènent leurs propres problèmes, notamment parce que la plupart sont non spécifiques et affectent autant les insectes bénéfiques comme les pollinisateurs que les ravageurs.

Heureusement, on se rend compte de plus en plus que les désavantages de la monoculture (comme les impacts sur la biodiversité, la santé des sols et la résilience des cultures) sont plus nombreux que les avantages (tels que les gains d’efficacité et la maximisation des profits).  

Alors, que faire?

Différentes stratégies sont envisagées pour répondre au problème. Plusieurs d’entre elles représentent un retour à la sagesse ancestrale, mais en gardant nos technologies modernes. Par exemple, la pratique de la rotation culturale implique de semer des espèces différentes d’une année à l’autre — souvent une alternance entre une céréale et une légumineuse — en vue de préserver la santé du sol (structure et ressources en nutriments), et aussi contrôler l’établissement de pestes ou de maladies. La rotation culturale est un exemple de polyculture séquentielle dans le temps, mais il est également possible de planter différentes espèces en même temps dans la même parcelle. C’est la polyculture simultanée. La culture des trois sœurs (plantation simultanée de maïs, haricot et courge) pratiquée par les peuples autochtones de l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale, notamment les peuples iroquoiens, en est un bon exemple. Le maïs sert de treille pour le haricot grimpant, tandis que le haricot fixe de l’azote dans le sol au profit du maïs, et la courge sert de recouvrement pour protéger le sol et empêcher l’installation de mauvaises herbes.

Un autre exemple : un champ de curcuma avec arbres à noix de coco comme culture intercalaire.

Plus concrètement, dans nos cours et jardins, on peut lutter contre la monoculture du gazon en choisissant des plantes indigènes avec des caractéristiques similaires. En effet, les mélanges de semences pour pelouse sont souvent constitués principalement de pâturin des prés, une espèce non indigène d’Amérique du Nord. Non seulement un jardin de plantes indigènes aidera à augmenter ta biodiversité locale et attirera des oiseaux et pollinisateurs chez toi, mais le temps et le coût d’entretien seront grandement réduits comparés à une pelouse traditionnelle!

Par Sarah, éducatrice-naturaliste

Sources images : Volker Glätsch, Willem van Aken, CSIRO, Thamizhpparithi Maari,

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Choix du naturaliste
Grenouille, rainette, crapaud : quelle est la différence?

Connais-tu la différence entre un crapaud et une grenouille? Ou plus complexe, la différence entre une rainette et une grenouille? Pas facile celle-là, hein? On t'explique.

Quand j’anime des ateliers scolaires sur les reptiles et les amphibiens, et que je demande à la classe quelle est la différence entre un crapaud et une grenouille, j’entends souvent la même chose : « La grenouille c’est la femme du crapaud! » Même si c’est complètement faux, ça me fait toujours sourire, car l’adulte que je suis se rappelle l’avoir aussi dit enfant. C’est surement pareil pour toi!
Mais, aujourd’hui adulte, peux-tu te vanter de savoir expliquer la différence entre un crapaud et une grenouille? Ou plus complexe, la différence entre une rainette et une grenouille? Pas facile celle-là, hein?

Allez, comme on est sympas – et qu’on aime expliquer les choses de la vie – on va te la donner la réponse!

Une famille d’amphibiens

Difficile de mettre le doigt sur les différences entre grenouille, crapaud et rainette si l’on n’est pas expert.e en herpétologie*. Il faut dire que ces trois animaux ont déjà un gros point commun, car ils sont tous dans la famille des amphibiens.

La salamandre sombre du Nord est un amphibien, pas un anoure, mais plutôt un urodèle.

Les amphibiens sont des animaux tétrapodes** (ayant quatre pattes) avec une peau humide sans écailles, poils ou plumes, par laquelle ils respirent. Ils ont aussi des œufs sans coquille ni membrane embryonnaire recouverts de gélatine et ils se reproduisent – pour la plupart – en milieu aquatique. Puis, leur peau présente souvent des glandes à venin. Rarement fatal pour les prédateurs, leur goût désagréable en décourage cependant plus d’un!

On retrouve, chez les amphibiens, trois groupes principaux : les anoures (les grenouilles, crapauds et rainettes), les urodèles (salamandres) et apodes (cécilies). Entre ces trois groupes, la ressemblance s’arrête là. Les anoures ont des pattes arrière surdimensionnées, une grande bouche et des yeux globuleux. Les urodèles ont quatre pattes de taille similaire et une queue. Les apodes n’ont pas de pattes et ressemblent à des vers. Au sein des anoures cependant, les différences sont beaucoup moins marquées!

C’est quoi un crapaud?

Un crapaud d'Amérique et sa peau pleine de verrues

Ça va peut-être te briser le cœur, mais non, un crapaud ce n’est pas le mâle de la grenouille. Chaque espèce de crapaud présente autant des mâles que des femelles. Donc la femme du crapaud... Ben, c’est un crapaud! Autant que le mari de la grenouille, c’est une grenouille.

Ceux que l’on appelle les crapauds sont des individus de la famille des Bufonidae, dans laquelle on retrouve des animaux avec les caractéristiques typiques de l’image que ton cerveau se fait du mot crapaud : un corps trapu, une peau présentant des verrues et une pupille horizontale (les autres anoures ont une pupille ronde). Ils ont également deux grosses glandes à venin derrière les yeux, afin de ne pas se faire croquer!

Les crapauds sont des animaux qui vivent sur la terre et qui ne vont rejoindre les plans d’eau que pour la reproduction. Ils sont actifs la nuit, alors fais bien attention où tu mets les pieds lors de tes randonnées nocturnes. Tu risquerais d’en écraser! Surtout que, contrairement à ce que l’on s’imagine, les crapauds ne sont pas toujours gros : leur taille maximale peut varier de 20 à 200 mm selon les espèces.  

C’est quoi une rainette?  

La rainette versicolore et ses doigts à ventouses

Tu as surement déjà entendu le terme rainette, surtout ces derniers temps. En effet, il y a beaucoup de médiatisation autour de la protection d’une rainette emblématique du Québec : la rainette faux-grillon de l’Ouest. Et c’est tant mieux! Car si on en parle beaucoup, ce n’est malheureusement pas parce qu’on la trouve facilement et partout. Si elle était abondante en Montérégie dans les années 1950, elle a subi un fort déclin depuis et a maintenant le statut d’espèce menacée. Sa situation précaire est en grande partie causée par la destruction des milieux humides qu’elle habite au profit du développement industriel ou de logements.

La rainette faux-grillon de l’Ouest n’est pas la seule représentante de ce groupe d’anoures au Québec. On peut en observer trois autres : la rainette versicolore, la rainette crucifère et la rainette faux-grillon boréale.

Au niveau étymologique, rainette vient de l’ancien français raine, qui veut dire grenouille. De quoi nous embrouiller encore plus! Cependant, il existe bel et bien des différences avec les autres amphibiens.

Ce qui la différencie des grenouilles et crapauds, c’est surtout la présence de petites ventouses au bout de ses doigts. Cela lui permet de grimper aisément sur les végétaux de son environnement. Bien utile, car on la retrouve surtout en milieux boisés ou végétalisés! Comme les crapauds, les rainettes vont rejoindre les plans d’eau pendant la période de reproduction. À ce moment de l’année, on va d’ailleurs entendre le chant des mâles qui résonne à travers les bois.

Les rainettes sont également de petite taille en comparaison aux autres grenouilles. Leur taille varie entre 3,5 et 5 cm, alors que la plupart des espèces de grenouilles sont bien plus grandes, certaines atteignant 12 cm.

Autre particularité singulière de la rainette : la majorité des espèces de ce groupe ont la capacité de changer de couleur! Un attribut bien pratique quand on veut se fondre dans l’environnement.

C’est quoi une grenouille?

Une grenouille des marais et sa peau lisse

Si l’on prend le terme grenouille au sens étymologique, c’est l’ensemble des espèces que l’on retrouve dans le groupe des anoures. Dans ce cas-là, pas de débat, grenouille, crapaud ou rainette, c’est la même chose! Cependant, au niveau morphologique et écologique, on peut faire une différenciation entre ces trois groupes d’anoures, comme on l’a vu avec les crapauds et les rainettes. Les grenouilles, c’est alors toutes les espèces d’anoures qui ne portent pas le nom de crapaud ou de rainette.  

Quand on pense au mot grenouille, l’image qui nous vient en tête correspond souvent aux espèces que l’on trouve dans la famille des Ranidae. Ces espèces ont la peau lisse et des pattes postérieures musclées et palmées, puisqu’elles sont en majorité aquatiques. Dans cette famille on retrouve notamment la grenouille léopard, la grenouille des bois et aussi le ouaouaron!

Te voilà désormais expert.e des anoures en tout genre! Cependant, n’oublie pas qu’il existe toujours une exception à la règle. Il existe quelques espèces de crapauds qui n’ont pas de verrues et ressemblent fortement à des grenouilles, et l’inverse est aussi possible. Pour finir en beauté, on te laisse sur une petite anecdote amusante : le fameux son « ribbit » que l’on entend dans les films lorsqu’on voit une grenouille est en réalité le son qu’émet la rainette du Pacifique!

NOTES

* L’herpétologie, c’est l’étude des reptiles et des amphibiens. Plus précisément, l’expert.e en amphibiens est un ou une batrachologue.  

** Certains amphibiens n’ont pas de pattes, mais leurs ancêtres en avaient bien quatre. C’est le cas de certaines salamandres et des cécilies, sortes de vers amphibiens que l’on ne retrouve pas au Canada. Les cécilies se nomment aussi les apodes, qui signifie littéralement sans pattes!

Par Julie, chargée de projet

Sources images : Peter Paplanus, Brian Gratwicke, Eric Bégin, Dave Huth

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Choix du naturaliste
Les espèces exotiques envahissantes, d’imposants étrangers

Une moule à rayures dans un lac du Québec, ça n’a pas l’air bien méchant, tu me diras. Pourtant, ça peut causer de très gros problèmes d’équilibre dans le lac et tuer plusieurs autres espèces qui y vivent. On se parle des EEE.

Tortue à oreilles rouges, agrile du frêne, moule zébrée, berce du Caucase, nerprun… À priori, il ne semble pas y avoir de liens entre ces végétaux et animaux divers. Pourtant, ils ont bien un dénominateur commun, mais lequel? On te donne quelques indices : lors de tes vacances au chalet, tu as peut-être vu un de ces noms sur un panneau installé à l’entrée d’un lac. Ou encore sur un autre panneau expliquant la nécessité de travaux dans un parc-nature de l’île de Montréal. Non? Tu ne l’as toujours pas? Allez, comme on est sympas, on te donne la réponse : toutes ces espèces sont des espèces exotiques envahissantes (de leur petit nom EEE)! Un bien grand terme, que l’on voit de plus en plus apparaître un peu partout ces dernières années, à cause des actions incessantes de lutte contre ces envahisseurs.  

Une petite moule à rayures dans un lac du Québec, ça n’a pas l’air bien méchant, tu me diras. Pourtant, ça peut causer de très gros problèmes d’équilibre dans le lac et tuer plusieurs autres espèces qui y vivent. Et les actions de lutte sont très couteuses et complexes. Selon l’état de l’invasion, dans certains cas, on peut presque dire bye-bye à notre beau lac et sa biodiversité florissante.

 

Une espèce exotique, qu’est-ce que c’est?

Quand une espèce évolue dans le milieu dont elle est originaire — par exemple, un caribou dans le nord du Québec —, on dit que cette espèce est indigène. Elle vient de cet habitat, y évolue depuis longtemps et est en équilibre dans l’écosystème. Autrement dit, on y trouve toutes les ressources et les espèces qu’elle a l’habitude de côtoyer (et qui ont évolué avec elle), dont ses prédateurs, ses compétiteurs et ses proies.

Lorsqu’une espèce est déplacée dans un habitat dont elle n’est pas originaire, on qualifie alors cette espèce d’exotique. En général, le déplacement est causé par un vecteur d’introduction. Il en existe plusieurs! Ce peut être, par exemple, le transport de marchandises, la pêche ou encore l’aquariophilie.  

Imaginons que tu as dans ta cour un bel étang dans lequel il y a des carpes koïs. Pendant un temps, tu adores les regarder nager à leur guise (ça te donne l’impression de voyager au Japon* dès que tu es dans ta cour), puis après un moment tu remarques qu’elles sont trop grosses pour ton petit étang. Tu te dis alors qu’il est temps de leur trouver un habitat adapté à leur taille, et justement il y a une belle rivière dans le parc à côté de chez toi. Quoi de mieux pour tes belles carpes, hein? Tu les relâches donc dans la rivière, apaisé.e par la pensée que tu leur as offert un avenir meilleur. Eh bien, ces chères carpes ne sont plus dans leur habitat naturel. Elles sont maintenant des espèces exotiques, qui vont évoluer dans un milieu pour lequel elles ne sont peut-être pas adaptées. Ici, le vecteur d’introduction, c’est donc l’animalerie dans laquelle tu as acheté tes carpes, puis toi quand tu les as mises dans la rivière. S’en vient la grosse question : est-ce qu’elles vont devenir envahissantes?

Exotique et envahissant

Une espèce exotique n’est pas forcément envahissante dans son milieu. Par exemple, la plupart des plantes que tu mets sur ton balcon l’été pour le rendre plus beau ne sont pas indigènes du Québec. Cependant, comme elles ne sont pas résistantes au gel, qu’elles ne se dispersent pas beaucoup, ou tout simplement parce qu’elles sont limitées à l’espace de ton balcon, elles ne coloniseront pas la ruelle derrière chez toi, et ne deviendront donc pas envahissantes.

On qualifie une espèce d’envahissante quand elle évolue et se multiplie très vite dans un milieu (par exemple parce qu’elle n’y a pas de prédateurs), au détriment des autres espèces présentes, et qu’elle cause des problématiques environnementales. Une espèce envahissante n’est pas obligatoirement exotique, mais elle l’est souvent. Ainsi, de nombreuses espèces végétales exotiques, qui ont été placées dans nos jardins parce qu’elles sont jolies, sont devenues envahissantes et causent des problèmes dans les milieux où on les trouve. C’est le cas de la renouée du Japon ou de encore de la bardane (tu sais, les graines accrochées à tes vêtements dont tu n’arrives pas à te débarrasser à l’automne!).

Si on reprend l’exemple précédent, tes belles carpes koïs, si elles survivent à l’hiver, ont un gros potentiel de devenir envahissantes. Elles grossiront rapidement, mangeront les ressources d’autres espèces (sans parler des espèces qu’elles prédateront) et leurs excréments pourraient déséquilibrer la qualité de l’eau de la rivière. Cet exemple reflète malheureusement la réalité, car plusieurs carpes exotiques échappées de réservoirs de pêche ou d’aquaculture sont devenues envahissantes dans le sud du Québec, comme la carpe commune.

Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais tu croises des espèces exotiques envahissantes tous les jours, surtout en été! Tortues à oreilles rouges dans les cours d’eau, phragmites le long des routes, vers de terre** dans le sol... La liste est longue! En ville, on peut trouver plusieurs EEE dans les carrés d’arbres, les jardins, les parcs ou même les craques de trottoir, mais aussi en l’air. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les étourneaux sont bel et bien une espèce envahissante! Cet oiseau indigène de l’Europe a été introduit dans Central Park par un New-Yorkais passionné de Shakespeare (qui a mentionné cette espèce d’oiseau dans une œuvre). Bien qu’il nous paraisse naturel d’en voir partout aujourd’hui, depuis son arrivée dans les années 1890, il cause des dégâts dans l’environnement en compétitionnant avec d’autres espèces aviaires, qui sont désormais moins présentes (comme le merle bleu, l’hirondelle noire ou encore certains pics).

 

Une lutte sans merci  

L’étourneau sansonnet, malgré son impact sur d’autres espèces d’oiseaux, est loin de gagner la palme de l’EEE ayant le plus d’incidence sur le milieu. D’autres espèces exotiques envahissantes sont beaucoup plus problématiques et il est alors complexe de les éliminer. Le myriophylle à épis, une plante aquatique qu’on voit très souvent dans les lacs et rivières du Québec, est une des bêtes noires de la lutte contre les EEE par les organismes environnementaux. Très dure à arracher, cette plante aquatique se développe très rapidement et obstrue en quelques années les cours d’eau qu’elle envahit. Dans chaque milieu, grand ou petit, il faut alors dépenser des sommes importantes d’argent pour l’arracher, poser des bâches sur les racines pour l’étouffer, et sensibiliser les plaisanciers et les plaisancières à nettoyer leurs embarcations. Pour compliquer le tout, on peut la confondre avec d’autres espèces de myriophylles, dont six sont indigènes!

Aujourd’hui, la lutte contre les EEE prend une place importante dans les luttes environnementales, entre autres parce qu’elle est liée aux changements climatiques. Bien que l'espèce humaine soit un vecteur important des EEE actuelles, le réchauffement des températures entraîne (ou entraînera) des migrations d’espèces dans de nouveaux milieux plus favorables. Les scientifiques prévoient donc que les espèces exotiques envahissantes soient beaucoup plus nombreuses à l’avenir. Leur lutte ne risque donc pas de s’arrêter dans un futur proche.

Tout n’est cependant pas perdu! En plus des actions de lutte présentes un peu partout au Québec, les outils de sensibilisation de la population se sont multipliés, et la science participative permet aujourd’hui à n’importe qui d’aider à la cause. Il est ainsi possible de signaler la présence d’une espèce exotique envahissante, que ce soit autour de chez nous ou en balade, notamment grâce à l’outil Sentinelle développé par le gouvernement du Québec. Un geste de plus pour s’occuper de notre environnement!

 

NOTES

* Fun fact : la carpe koï n’est pas originaire du Japon! Elle y a été introduite lors d’invasions chinoises. On peut donc dire que c’est une espèce exotique au Japon. Elle est également sur la liste des EEE présentes au Québec, avec deux autres espèces de carpes.

** Les vers de terre ne sont pas indigènes en Amérique du Nord... Ils sont arrivés avec les colons européens, dans leurs semences et leurs pots!

Par Julie, chargée de projet

Sources images : Andres Musta, Quang Nguyen Vinh, André Chivinski, Bas Kers (NL),

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Question du public
Les mollusques ou les coquillages

Partir une collection de coquillages après une courte marche sur une plage ou écouter la mer à travers ceux-ci, tout le monde fait ça. Cependant, qui s’est déjà intéressé.e aux organismes qui les ont créés et occupés?

Comment ça grandit un escargot? 

Qui n’a jamais voulu partir une collection de coquillages après une courte marche sur une plage? Pas moi! Cette fascination à observer les coquillages, voire même à écouter la mer à travers ceux-ci, nous a tous déjà traversé.e.s au moins une fois. Cependant, qui s’est déjà intéressé.e aux organismes qui les ont créés et occupés?  

Une coquille de bivalve qui attend de faire partie d'une collection...

Les coquillages... ou bien les maisons des mollusques

Les mollusques tirent leur nom du latin mollis, « mou », car ils sont des invertébrés au corps mou. Parmi les mollusques, on retrouve les gastéropodes (les escargots et les limaces), les céphalopodes (les calamars, pieuvres et nautiles) et les bivalves (toutes les moules, myes et huîtres). Bien que généralement ils ont une taille maximale de moins de 5 cm, on en retrouve de toutes les grandeurs! La coquille des tridacnes géants vivant dans les récifs coralliens indopacifiques peut mesurer jusqu’à 1,5 m de longueur. C’est énorme! Les calmars géants, eux, peuvent mesurer jusqu’à 18 mètres et peser jusqu’à 1 000 livres. Dix-huit mètres, ça, c’est un peu plus court que les fameux autobus accordéon de la STM. Imagine-toi nager à côté d’un animal aussi grand!  

On peut retrouver les mollusques dans une grande variété d’habitats, que ce soit dans les écosystèmes marins, d’eau douce, ou même directement sur la terre ferme. Pour les mollusques terrestres, comme certaines espèces d’escargots et de limaces, ceux-ci sont limités par leurs besoins d’humidité et de calcium, qu’ils peuvent trouver dans le sol. Il est facile de s’imaginer les escargots, les pieuvres et les calamars se déplacer, mais quand on pense aux huîtres et aux moules, on peut rester un peu confus.e... mais on y reviendra. Il faut d’abord savoir que le corps des mollusques se divise en deux parties : la partie tête-pied, et la partie viscérale. Dans la première partie, on retrouve le pied, qui permet le déplacement de l’animal et loge les organes sensoriels et la bouche. Oui, tout au même endroit! Le pied sert non seulement au déplacement, mais il sert aussi à s’attacher à un substrat, comme une grosse roche. Les mollusques sécrètent un mucus qui les aide à rester bien accrochés (comme d’la colle). Ce dernier sert aussi aux plus petits mollusques, qui, eux, glissent dessus pour se transporter (comme une crazy carpet sur une butte de neige). La partie viscérale, elle, contient tous les autres organes. Cependant, les branchies, ou le poumon pour les espèces terrestres, se trouvent dans une petite poche formée par deux replis de peau, appelée la cavité palléale. Le manteau, lui, sert à protéger le corps mou de l’animal en sécrétant la coquille. C’est comme porter un gros manteau d’hiver pour se protéger du monde extérieur, mais ton manteau sécrète une substance qui est dure comme un bouclier! Ce bouclier-là, c’est la coquille!  

Hein? Sécréter une coquille?  

La coquille des mollusques a habituellement trois couches : le périostracum, la couche prismatique et la nacre. Le périostracum est la couche la plus externe et elle protège les autres couches calcaires de l’érosion. La couche primée, qui est la couche du milieu, est constituée de petits cristaux de carbonate de calcium. Finalement, la nacre, qui est la couche interne, est, elle aussi, composée de carbonate de calcium. Lorsque l’animal vieillit, la croissance de la coquille se fait aux marges de celle-ci, ce qui fait les stries que l’on peut observer.  

Vois-tu les stries de la twist?

Les coquilles ne se valent pas toutes...  

Chez les gastéropodes à coquille comme les escargots, la coquille est presque toujours en un seul morceau et forme une twist. Ce processus de twist-là, qu’on appelle la torsion ontogénique, se déroule pendant le développement de l’escargot, et c’est important de savoir que les mouvements de la coquille sont indépendants des mouvements des organes internes. Alors non, lorsque les twists se forment, les organes internent ne se twistent pas! Chez la plupart des gastéropodes, en vieillissant, la nouvelle twist sécrétée par le manteau se forme à côté de la twist la plus récente, et non en dessous. La coquille du gastéropode est shiftée vers le haut, sinon, avec toutes les twists d’un même côté, il serait trop lourd de ce côté-là. Imagine avoir un haltère de 20 livres sur ton épaule droite en tout temps! Chez les autres gastéropodes, par contre, la coquille croît sur le même plan. On dit alors qu’elle est planispiralée.  

Au contraire des gastéropodes, les bivalves ont deux coquilles attachées ensemble par des ligaments et des muscles. La partie qui retient les deux coquilles s’appelle l’umbo et c’est la partie la plus vieille de la coquille! Même si la coquille sert surtout de protection, chez certaines espèces de bivalves, on peut y trouver des dents microscopiques pour râper du bois, ou même des petites valves épineuses pour creuser dans les roches. Quand même surprenant!

Des moules bien protégées

Pour les prédateurs actifs que sont les céphalopodes, le pied est quand même différent des autres mollusques dont on a parlé : il devient un cercle de bras ou de tentacules. De plus, certaines espèces de céphalopodes arrivent même à se propulser en éjectant de l’eau à partir de leur cavité palléale! Quant à la coquille, les pieuvres n’en ont pas. Les calamars, eux, ont une coquille interne, appelée plume, qui est entourée par le manteau. Finalement, la coquille des nautiles ne ressemble en rien à celle des gastéropodes. Alors que la coquille de ces derniers ne forme qu’une seule chambre contenant tous les organes, les nautiles, eux, ont plusieurs petites chambres. Ces petites chambres sont remplies de gaz, qui permet à l’animal de nager tout en portant sa lourde coquille! De ce fait, puisque la coquille du nautile est séparée en plusieurs petites chambres, les organes de l’animal n’occupent que la dernière.  

Un nautile

Des larves... chez les mollusques ?  

Bien que la plupart des mollusques soient dioïques, ce qui veut dire qu’ils portent soit les gamètes mâles, soit femelles, certains gastéropodes sont hermaphrodites (comme certains vers). Même si ces derniers ont les organes reproducteurs femelles et mâles, ils ont quand même besoin d’un partenaire pour faire des bébés! Ensuite, une majorité des mollusques aquatiques n’ont pas une, mais deux phases larvaires avant de devenir adultes! On peut déjà observer un début de pied, coquille et manteau lors de la dernière phase. C’est quand même bizarre de se dire que certains des coquillages qu’on ramasse pendant une petite balade sur la plage étaient autrefois de toutes petites larves, non?  

Chez les céphalopodes, par contre, c’est un peu différent. Suite à l’éclosion des œufs, les bébés sont de toutes petites versions de l’adulte. Les petites larves, prédatrices, font partie du plancton, ce qui veut dire qu’elles se déplacent au gré des courants d’eau. Chez la pieuvre, les mères sont très dévouées à protéger leur dizaine de milliers de bébés et vont mourir de faim et d’épuisement suite à l’éclosion.

Larves microscopiques d'huître

Des espèces pourtant bien appréciées...  

Plusieurs espèces de mollusques sont incroyablement fascinantes, que ce soit pour leur taille énorme comme le calamar géant, ou pour leurs couleurs resplendissantes. On les apprécie également pour leur habileté de bioluminescence, mais surtout pour leur fonction d’espèce bio-indicatrice. Finalement, on apprécie également les bivalves pour leur capacité à fabriquer des perles, qui sont très prisées pour les bijoux. Les perles qui sont produites par certains mollusques sont en fait des produits du système de défense de ceux-ci. En effet, lorsqu’un objet étranger se loge entre la coquille et le manteau, ce dernier va sécréter plusieurs couches de nacre autour de l’objet. C’est comme ça qu’on obtient des perles!

Enfin, on pourrait dire que ces animaux souvent méconnus sont pas mal complexes pour de simples coquillages qu’on collectionne en se promenant sur la plage. •ᴗ•

Par Jessica, éducatrice-naturaliste

Sources images : Marko Milivojevic, GUEPE, PickPic, PxHere, Kai Squires, Virginia Sea Grant

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