Les écosystèmes de montagne

28/7/2022
Question du public

SÉRIE SPÉCIALE : LES HAUTS PLATEAUX ET NOUS

La végétation de Charlevoix est hautement diversifiée. Elle est influencée par le fleuve, mais aussi par les montagnes. Au Québec, la végétation montagnarde est stratifiée sur six étages reconnus, indus par le climat et son effet sur la végétation*. En partant du bas de la montagne, c’est-à-dire de 0 m d’altitude (a.k.a. le niveau de la mer), ce sont les étages inférieur, moyen et supérieur de végétation. Ils sont suivis de l’étage montagnard, puis des étages subalpin et alpin**. Chacun de ces étages est caractérisé par une végétation homogène, influencée par une interaction complexe de facteurs écologiques. Par exemple, la végétation qui est retrouvée à l’étage inférieur n’est en rien semblable à celle retrouvée à l’étage alpin. On t'amène donc dans un voyage d’exploration de la flore des montagnes de Charlevoix, de leur pied à leur sommet.

Les bandes sont parfois inclinées afin de représenter l’effet de l’exposition au soleil et au vent. Par exemple, les limites altitudinales des étages sont parfois plus basses du côté nord d’une montagne, qui est plus ombragé, humide et froid, et plus hautes du côté sud, qui est plus ensoleillé et chaud.

 

La végétation d’en bas : les étages inférieur, moyen et supérieur

Pour commencer la visite, c’est l’érablière*** qui règne à la base de la forêt boréale, dans l’étage inférieur.  Ensuite, à environ 200 m d’altitude, les résineux font leur apparition. Dans l’étage moyen, on parle alors de forêt mixte. Plus l’altitude va augmenter, moins il y aura de feuillus. C’est autour de 550 m, dans l’étage supérieur, que l’on constate l’absence de feuillus. Les conditions climatiques y sont moins favorables à la croissance et à la reproduction de certaines espèces végétales, à cause d’une diminution de la température, d’une plus grande exposition aux vents et de fortes précipitations. On y rencontre des pruches du Canada, des pins blancs et du thuya.

Place aux conifères dans l’étage montagnard

Les conifères dominent dans l’étage montagnard tandis qu’on y trouve des feuillus que sous la forme arbustive. Les arbres qui poussent ici, principalement le sapin, sont trapus et ont le tronc déformé. Les cimes sont généralement asymétriques, à cause de la mortalité des bourgeons du côté des vents dominants. On les appelle des cimes en drapeau. Les vents y sont si forts qu’il n’est pas rare de voir des chablis (des zones où les arbres sont déracinés et tombés sous l’effet éolien). On ajoute à ça des sols plus minces, des pentes fortes et des épais couverts de neige qui tardent à fondre. Les tiges cassées sont fréquentes dans cet étage.  

 

La zone de transition entre la forêt et le sommet

C’est l’épinette blanche qui domine dans la zone subalpine. Elle fait entre 4 et 7 m de haut et subit de fortes pressions du vent et de la neige. D’ailleurs, ces conditions difficiles favorisent la reproduction végétative (par marcottage****). Les forêts sont donc composées de clones! (« Des clones? » « Non, pas ces clones-là? ») Plus on s’approche de la limite de l’étage alpin, plus la flore subalpine devient discontinue, formant une mosaïque d’îlots de végétation plus denses, d’arbres isolés et de prairies subalpines herbacées.

C’est quoi une prairie subalpine? Dans les zones de dépression et à la bordure de la forêt, on retrouve souvent une plus grande accumulation de neige. Cela favorise la végétation herbacée, dominée par les fougères, les carex et les graminées. Ces poches de plantes basses sont ce qu’on appelle des prairies subalpines.

 

La zone alpine, où la flore résiste

Finalement, on arrive au sommet, dans l’étage alpin. On se trouve alors au-delà de la limite des grands arbres. Les espèces arborescentes qui vivent ici ne dépassent pas 4 m de haut. Affectées par le vent, la dessiccation, l’érosion hivernale ainsi que le faible couvert de neige, elles sont rabougries et difformes. Lorsque les épinettes, les sapins baumier et les mélèze laricin ont ce drôle de look, on les appelle des krummholz. Et, entre deux bosquets, on trouve des landes alpines*****, dominées par des éricacées et des herbacées. Plus l’altitude augmente, plus l’effet des vents et de la neige affecte la présence des plantes. Finement, l’apex de la montagne est dominé par le roc, on trouve des mousses ou des lichens. Seules les espèces adaptées aux plus rudes conditions peuvent coloniser ce milieu (ce même scénario s'observer dans la toundra, par exemple).  

En montagne, la météo change abruptement et connaît des extrêmes. L’humidité condensée se traduit par des brouillards épais en été. En hiver, les nuages bas créent du givre et les chutes de neige dues à l’altitude sont fréquentes. Pour la végétation, ce n’est pas de tout repos! Et, plus on s’approche du sommet, plus le sol est pauvre et instable. Les nutriments sont souvent lessivés par le ruissellement dans la pente. La germination des graines est donc difficile, voire impossible. Pour coloniser les plus hauts étages des montagnes, il faut des plantes bien adaptées aux conditions du sommet.  

NOTES

* Au niveau international, on utilise aussi l’altitude pour définir les zones de végétation. Par contre, au Québec, comme nos montagnes ne dépassent pas 2000 m de hauteur, on regroupe les zones homogènes de végétation.  

** Il existe aussi un étage nival, qui est recouvert de neige en permanence. Toutefois, il n’existe pas au Québec. Aucune montagne ne présente une altitude suffisamment élevée. C’est plutôt une zone retrouvée dans les hautes montagnes, comme les Rocheuses et les Alpes, en Europe.

*** L’érablière, dans la région de Charlevoix, est un écosystème assez rare. On retrouve ce type de peuplement en grand nombre dans la vallée du Saint-Laurent, mais lorsqu’on prend de l’altitude, c’est de moins en moins fréquent.  

**** Marcottage : reproduction asexuée. On y reviendra.

***** Une lande est une zone où le sol est pauvre, ce qui limite la végétation. Seules quelques espèces de plantes basses peuvent donc les coloniser. Les landes qui sont dites alpines se retrouvent aux sommets des montagnes.  

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : GUEPE

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