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Découvrir la nature avec nos yeux d’experts

Parce que tu te demandes qu’est-ce qui se passe dans un cocon de papillon, comment se forme une tornade et comment les plantes communiquent... L'équipe de naturalistes de GUEPE a décidé de répondre à toutes tes questions, car la nature, ce n’est pas un mystère, c’est une science! Un.e naturaliste c’est quoi? En gros, c’est un.e spécialiste dont la mission première est de vulgariser les différentes sciences de la nature.

Chaque mois, on te présente une vedette, animale, végétale ou autre (oui, oui!), en plus des sujets préférés de nos naturalistes. Reste donc bien connecté.e. On va répondre aux questions de notre lectorat (incluant les tiennes) et on va aussi te proposer des places à visiter, des actions à poser, des trucs à voir et à lire. 

On te souhaite une bonne exploration de la nature!

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Choix du naturaliste
Prédation, mutualisme et compétition : un triangle alimentaire (et non amoureux!)

Comment un insecte peut-il être la source alimentaire de deux autres espèces, mais d’une façon complètement opposée? Eh bien, en produisant la nourriture d’une espèce pour éviter d’être la proie de la seconde espèce!

Comment un insecte peut-il être la source alimentaire de deux autres espèces, mais d’une façon complètement opposée? Eh bien, en produisant la nourriture d’une espèce pour éviter d’être la proie de la seconde! On t’explique.

Ce triangle alimentaire (et non amoureux) se retrouve entre les pucerons, les fourmis et les coccinelles.

Les coccinelles peuvent être de féroces prédatrices, autant les adultes que les larves. Elles sont bien utiles à l’humain pour contrôler la présence de pucerons sur les plantes de jardin.

Les pucerons n’ont pas développé de poison, d’armure ou d’autres moyens de défense pour se protéger de ce prédateur. Ils ont plutôt opté pour des gardes du corps, les fourmis. Mais pourquoi les fourmis protègeraient-elles ces minuscules insectes? Parce que les pucerons les récompensent en les nourrissant avec le miellat qu’ils sécrètent. (Cette vidéo te montre la récolte du miellat de pucerons par les fourmis du genre Formica.)

Une boisson convoitée

Qu’est-ce que le miellat? C’est une substance sucrée excrétée par les pucerons (mais aussi par les cochenilles) et dont raffolent les fourmis*. Plus précisément, il s’agit de leur déjection. On parle bien de ce qui sort du leur système digestif (pas par la bouche, par l’autre extrémité!). Le puceron se nourrit de la sève des plantes. Une fois que son système digestif en a extrait les éléments nutritifs dont il a besoin, ce qui reste est principalement composé d’eau et de sucre. C’est ça le miellat!

Fourmis fermières

Puisque les pucerons produisent un aliment recherché par les fourmis, ces dernières leur offrent une certaine protection. Les fourmis vont même parfois aller jusqu’à transporter les pucerons (qui se déplacent très peu) sur une autre partie de la plante plus riche en sève ou dans leur propre nid** pour les mettre à l’abri. Leur interaction ressemble alors plus à un éleveur qui dirige et protège son troupeau. Même que, pour certaines espèces, les fourmis doivent stimuler la production de miellat en frottant leur antenne sur l’abdomen des pucerons, un peu à l’image d’un fermier qui trait une vache pour son lait.

Les pucerons et les fourmis ne dépendent toutefois pas les uns des autres***. Les pucerons peuvent vivre sans la présence de fourmis et les fourmis peuvent trouver d’autres sources de nourriture que le miellat. Il arrive même que des fourmis mangent des pucerons. De plus, les fourmis essaient de protéger les pucerons (leur troupeau) de leurs prédateurs comme la coccinelle, mais elles n’y arrivent pas toujours. La coccinelle peut résister aux attaques des fourmis pendant un certain temps****, ce qui lui donne le temps de dévorer des pucerons avant d’être chassée. Les fourmis sont aussi parfois désarmées devant certains types de guêpes solitaires (prédatrices ou parasitoïdes).

Dans ce trio complexe, on retrouve donc plusieurs interactions interspécifiques. C’est-à-dire, des interactions entre des espèces différentes. Il y a la prédation par l’action de la coccinelle (prédatrice) sur le puceron (proie). Il y a aussi le mutualisme, où le puceron et la fourmi se procurent mutuellement un service sans en dépendre. Finalement, on retrouve la compétition entre la coccinelle et la fourmi, puisqu'elles s’affrontent afin d’avoir accès à une même ressource alimentaire.  

Ceci n’est qu’une infime partie des relations présentes dans le milieu naturel et qui relient les espèces entre elles, puisque nous n’avons même pas inclus la plante hôte, ni les autres insectes mentionnés.

 

NOTES

* D’autres insectes, comme les abeilles, peuvent aussi récolter le miellat.

** Certains pucerons se nourrissent au niveau des racines des plantes et se retrouvent donc directement dans le nid des fournis en compagnies des leurs larves et de leurs nymphes. (Youtube: Pucerons de racine et fourmis du genre Tetramorium)

*** S’il n’y a pas de fourmis pour manger le miellat, les pucerons ne doivent pas le sécréter trop prêt d’eux. Cette substance sucrée devient une source nutritive pour les champignons qui peuvent alors se propager sur la plante hôte des pucerons.  

**** Les élytres des coccinelles sont suffisamment solides pour offrir une protection contre les fourmis. De plus, les coccinelles peuvent sécréter un liquide qui répulse ses attaquants.

Par Philippe, coordonnateur des activités - Charlevoix

Sources images : Pxhere, Pixabay, Friedrich Böhringer, Pikist

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Question du public
Les mammifères qui pondent des œufs

Le savais-tu? Certains mammifères pondent des œufs. Ils ne sont pas nombreux, mais tout à fait réels et, surtout, fascinants! Tu veux en savoir plus? C’est ici qu’on t’en parle!

Le savais-tu? Certains mammifères pondent des œufs. Ils ne sont pas nombreux, mais tout à fait réels et, surtout, fascinants! Tu veux en savoir plus? C’est ici qu’on t’en parle!

Spotlight sur les monotrèmes

Il existe aujourd’hui exactement cinq espèces de mammifères qui pondent des œufs, dont l’ornithorynque et quatre espèces d’échidnés (ces petits mammifères au museau allongé couverts de piquants). Ils forment le groupe des monotrèmes, qui se distingue des autres grands groupes de mammifères, soit les marsupiaux (comme les kangourous et les koalas) et les placentaux (comme les chiens, les chats et nous!). Si tu veux en observer en nature, c’est en Australie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’il faudra que tu te rendes, bien qu’il en aurait peut-être existé en Amérique du Sud, il y a environ 60 millions d’années.

Un échidné de Bruijn, en Papouasie occidentale

Ce n’est qu’une question d’évolution

Mais pourquoi pondent-ils des œufs? Comment est-ce possible? Il faut d’abord se rappeler que les marsupiaux et les placentaux ont, eux aussi, un ancêtre qui pondait des œufs. Ainsi, c’est fort probable que l'ancêtre commun des monotrèmes et des autres mammifères possédait cette caractéristique. Puis, lorsqu’ils ont divergé* au cours de l’évolution, les monotrèmes ont conservé ce trait ancestral, alors que les autres mammifères ont accumulé des changements génétiques qui leur ont permis de donner naissance autrement.

Cependant, ne fais pas l’erreur de penser que les ornithorynques et les échidnés sont des créatures primitives. Ils ont continué à évoluer en même temps que les autres espèces et ont probablement accumulé leur juste part de changements génétiques. Ce n’est que la chance, de pair avec les pressions environnementales, qui leur ont permis de conserver ce trait plutôt qu’un autre.

Juste un ornithorynque qui patauge dans l'eau

… Et d’adaptation

Il reste que les mammifères qui pondent des œufs, il n’y en a plus beaucoup. Comment se fait-il? Après tout, il y aurait eu un moment au cours de l’histoire où ils étaient plus nombreux... Jusqu’au moment où les marsupiaux arrivent en Australie depuis l’Amérique du Sud**. Forts compétiteurs, ces derniers auraient probablement pris le dessus sur la plupart des monotrèmes. Le fait de donner naissance à des petits plus développés et de pouvoir les transporter dans une poche, les protégeant ainsi de prédateurs, d’intempéries et d’autres facteurs environnementaux aurait été un grand avantage compétitif. Mais, si certains monotrèmes ont survécu, c’est qu’eux aussi avaient un tour dans leur sac. Selon le biologiste Mathew Phillips de l’université nationale australienne, si les monotrèmes sont encore en vie aujourd’hui, c’est peut-être parce que l’ancêtre commun des ornithorynques et des échidnés*** était semi-aquatique (comme l’ornithorynque l’est aujourd’hui). Cela lui aurait permis d'exploiter une niche écologique inaccessible aux marsupiaux et ainsi de survivre. En effet, la poche dans laquelle les marsupiaux transportent leur progéniture après sa naissance serait une contrainte importante à la vie aquatique.

L'échidné à nez court ou échidné d'Australie gagne tous les prix de mignonnerie. ♥‿♥

C’est donc une vraie chance que des créatures aussi uniques soient encore en vie aujourd’hui! Elles sont des pièces de casse-tête importantes pour mieux comprendre l’évolution des gênes responsables de la transition entre l'œuf et le placenta. Et, n’oublions pas qu’elles nourrissent notre imagination collective... Et sont sensationnelles avec un fédora!

NOTES

* L’hypothèse qui est actuellement favorisée par la communauté scientifique est que les monotrèmes ont divergé des autres mammifères avant que ces derniers ne divergent entre eux pour former les groupes des marsupiaux et des placentaux. Par contre, une autre hypothèse existante serait que les placentaux ont divergé des autres mammifères d’abord et que les marsupiaux ont divergé des monotrèmes par la suite. Dans tous les cas, les monotrèmes auraient conservé un trait ancestral.

** Les marsupiaux auraient évolué dans les Amériques et auraient traversés en Australie, alors que les continents étaient configurés différemment.

*** Ce n’est pas tout à fait clair à quel moment les échidnés ont divergé des ornithorynques, mais certaines études génétiques suggèrent qu’ils ont divergé assez récemment et que leur ancêtre commun aurait été aquatique. D’autres pensent qu’ils auraient divergé plus tôt. Peut-être que de futures recherches élucideront la question!

Par Émilie, communicatrice scientifique

Sources images : Dan Boyland, Tony Morris, JK Melville

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Vedette du mois
Le cannibalisme, un captivant film d’horreur

La nature peut donner des frissons. Parfois, ce sont les comportements des animaux, comme le cannibalisme, qui inspirent des cauchemars. Mais, dans le monde animal, c’est moins effrayant que ça en a l’air!

Une fois de temps en temps, la nature nous donne des frissons. Combien d’entre nous avons une phobie des araignées ou des requins? Peut-être un petit dégoût face aux crapauds et aux salamandres*? Parfois, ce sont les comportements de ces animaux, comme le cannibalisme, qui inspirent des cauchemars. Mais, ça vaut quand même la peine de l’explorer plus en profondeur. Dans le monde animal, c’est moins effrayant que ça en a l’air!  

Massacre à la salamandres à longs doigts

On te présente d’abord le cas des salamandres qui se dévorent alors qu’ils sont encore des têtards. C’est parfois le cas des salamandres à longs doigts de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Pour ce faire, leurs têtards développeraient même de plus grandes têtes et dents.  

La salamandre à longs doigts adulte

Leur motif? Selon les chercheurs, ce serait dû à des conditions difficiles, soit à un manque de ressources ou d’eau. C’est ce qui déclencherait le développement de traits favorisant la prédation. On appelle ça de la plasticité phénotypique, mais on y reviendra. Ça leur permettrait de manger de plus grandes proies, incluant leurs congénères, afin de subsister et d’atteindre le stade adulte (qui peut survivre hors de l’eau) plus rapidement en cas de sécheresse. Ce serait également des conditions difficiles qui pousseraient les hamsters à dévorer leur progéniture.

 

Destination Crapaud Ultime

En voilà un autre amphibien, le crapaud buffle, qui pratique le cannibalisme à l’état de têtard. Mais leur motif ne serait pas exactement le même. Il serait surtout question d’éliminer la compétition. Et, chez les crapauds buffle, il n’en manque pas! C’est une espèce exotique envahissante en Australie dont le nombre d’individus dépasse présentement les 200 millions. À l’état de têtard, ils auraient un appétit insatiable pour les œufs et les jeunes têtards de leur propre espèce**. Puis, les individus d’Australie réagiraient davantage que les individus provenant de leur lieu d’origine, l’Amérique du Sud et centrale, soutenant l’hypothèse que ce phénomène évolue (en temps réel!) dû à la surpopulation de cette espèce, afin de contrôler le nombre de compétiteurs. Le cannibalisme chez la salamandre tigrée du centre-sud du Canada aurait une raison similaire.

 

Le silence des requins

Les requins taureaux ne sont peut-être pas les monstres dignes des films de suspense comme Les Dents de la mer ou Mégalodon, mais ils sont toutefois de redoutables prédateurs qui développent leur instinct avant même de venir au monde. Chez cette espèce, les femelles ont deux utérus et plusieurs embryons se développent dans chacun. Pourtant, il n’y a que deux juvéniles, un par utérus, qui naissent à tout coup… C’est parce que les requineaux se dévorent à l’intérieur de l’utérus jusqu’à ce qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur par utérus. Ouch! En voilà une façon d’éliminer la compétition!

Instincts de prédateur

Tu veux connaître un autre animal qui acquiert ses pulsions prédatrices d’une façon qui donne la chair de poule? Ne cherche pas plus loin que l’araignée Amaurobius ferox. Chez cette espèce, la femelle nourrit ses petits d’œufs nutritifs jusqu’à leur première mue. À ce moment-là, elle fait l’ultime sacrifice en devenant la première proie de ses bébés. Eh oui, elle fait vibrer sa toile d’araignée et se presse sur ses bébés pour réveiller leurs instincts.  

 

La nuit des mantes vivantes

On t’a déjà parlé du cannibalisme sexuel où la femelle mante religieuse mange le mâle pendant ou après l’accouplement. Ça contribuerait à fournir de l’énergie nécessaire à la femelle et améliorerait ainsi le succès reproducteur du mâle. Mais se laisser manger n’est pas la seule stratégie employée par les mâles pour favoriser leur reproduction. Parfois, les mâles qui tuent des petits d'autres pères, cannibalisme inclus ou non. Les chercheurs pensent que ce pourrait être dans le but de rendre la mère disponible à l’accouplement plus rapidement, afin qu’elle puisse se reproduire avec lui.

Ce ne sont que quelques-uns des exemples de cannibalisme qui existent chez les animaux. En réalité, il y en a bien plus, mais les motifs semblent souvent être reliés aux stress, à la compétition et au succès de reproduction. La nature peut sembler parfois effrayante, mais c'est de loi, le film d'horreur le plus passionnant qui soit!

NOTES

* T’as le droit de te sentir comme ça, mais on t’assure qu’en réalité, ils sont très cutes, pas du tout dégoutants!

** En fait, selon les chercheurs, l’appétit des têtards se ferait stimuler par la toxine qui est présente chez les œufs du crapaud buffle ainsi que chez l’adulte.

Par Émilie, communicatrice scientifique

Sources images : John P Clare, Santiago Ron, Dan Dzurisin

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Ailleurs
L'ornithorynque : un vrai spécial

Il existe un animal tellement étrange que lors de sa découverte, à la fin du 18e siècle, les scientifiques ont cru que c’était une blague*. On te présente un des (nombreux) trésors nationaux australiens : l’ornithorynque.

Assemblons ceci : pattes palmées comme la loutre avec griffes de mouffette, queue de castor, bec de canard, corps de rat musqué, abajoues de tamia, nid rempli d’œufs et venin. On obtient? Un animal tellement étrange que lors de sa découverte, à la fin du 18e siècle, les scientifiques ont cru que c’était une blague*. On te présente un des (nombreux) trésors nationaux australiens : l’ornithorynque.  

 

Un vrai spécial

Croqué sur le vif à l'Aquarium de Sidney (dans la nature, c'est assez rare de voir un ornithorynque, c'est un animal extrêmement discret)

Ce look inusité fait de l’ornithorynque une puissance de l’adaptation évolutive. D’abord, ce mammifère semi-aquatique n’a rien à envier à nos castors. Son pelage brun** emprisonne l’air entre ses poils pour le tenir au chaud. Sa large queue plate, une réserve de graisse, lui sert de gouvernail lorsqu’il nage. Ses pattes sont munies de longues griffes (c’est un fouisseur) et de membranes de peau. La palmure sur ses pattes avant dépasse même ses griffes pour une meilleure propulsion dans l’eau.*** En plus, l’ornithorynque possède ce fameux bec corné. C’est en fait un organe sensoriel, qui remonte jusque sur son front et qui est recouvert de récepteurs qui permettraient de détecter ses proies dans l’eau. Ses yeux et ses oreilles sont situés juste au-dessus, dans des cavités qui se referment lorsqu’il nage, le rendant momentanément aveugle et sourd, d’où l’importance de ce museau extraordinaire.  

 

Normal, mais pas normal

Endémique de l’Australie, on le retrouve uniquement sur la côte est du pays et sur l’île de Tasmanie. Ses habitats de prédilection sont les milieux humides et les petits cours d'eau, souvent plus frais que chauds. Ce chasseur nocturne creuse un terrier dans la berge**** où il se repose pendant la journée, à l’abri du lourd soleil australien.  

Après l’accouplement, qui a lieu dans l’eau, la femelle construit un nouveau terrier, plus sécuritaire, où elle installera des feuilles, des branches et des herbes pour y pondre ses œufs. Oui, oui, tu as bien lu. L’ornithorynque n’est pas seulement unique d’apparence, il est aussi un des seuls mammifères qui pondent des œufs. C’est la femelle seule qui couve et élève les petits. Elle produit du lait, mais pas par des mamelons, comme les autres mammifères (ça serait trop simple), mais bien directement par les pores de sa peau. Les bébés ornithorynques lèchent donc le pelage de leur mère, perlé de lait, pour se nourrir.  

À l’âge adulte, les ornithorynques sont de prolifiques chasseurs. Ils passent en moyenne 12 heures par jour dans l’eau à se remplir les abajoues de petits crustacés, de vers et d’insectes aquatiques au fond de l’eau qu’ils vont ensuite manger sur la rive. Ils ramassent par le fait même de la boue et des roches. Comme ils n’ont pas de dents, ils se servent de ces sédiments pour broyer leur nourriture, un peu comme les oiseaux. Miam, une bonne bouchée de bouette! 😊

À l’extérieur de l’eau, ils sont vulnérables. Ils doivent rester attentifs aux varans, aux serpents, aux rakalis (ou rats d’eau australiens) et aux rapaces. Les ornithorynques mâles sont munis d’un aiguillon venimeux*****, situé sur leur cheville. On ne se sait toujours pas si cet appendice lui sert pour se défendre, car la glande à venin est active seulement en période de reproduction. Alors, vaut mieux qu'il reste dans son terrier pour être à l’abri.  

Observé en Tasmanie, dans un petit ruisseau

 

Des problèmes, tout le monde en a

L’ornithorynque a longtemps été chassé pour sa fourrure. Aujourd’hui cette pratique est interdite, mais les pressions restent importantes sur cet animal. L’introduction du renard en Australie, pour contrôler les populations de lapins aurait eu un impact sur les ornithorynques. En plus, l’assèchement des milieux humides pour le développement urbain, l’agriculture et l’industrie forestière, puis la construction de barrages ont contribué à la diminution et la dégradation de son habitat, sans compter la pollution et la mauvaise qualité de l’eau. D’ailleurs, ça n’aide pas que l’aire de répartition de l’ornithorynque concorde parfaitement avec les régions les plus habitées de l’Australie. S’ajoutent à la liste des menaces pour notre petit spécial les violentes tempêtes tropicales qui modifient les berges par érosion et les sécheresses à répétition aggravées par les changements climatiques.

Selon certaines études, les zones d’habitat typique de l’ornithorynque ont diminué de 22 % dans les 30 dernières années. Malgré cette alarmante constatation, l’ornithorynque n’est pas encore listé comme une espèce menacée en Australie, mais bien comme « quasi menacée » (ici, on dirait qu’il est susceptible d’être vulnérable ou menacé). Pourtant, la valeur de l’ornithorynque est sans contredit : emblème non officiel du pays, animal iconique dans le monde et élément central des traditions autochtones. Et on ne parle pas ici de sa valeur écologique, son unicité évolutive et de son rôle dans le maintien des écosystèmes aquatiques, comme prédateur et fouisseur. Heureusement, de nombreux programmes de conservation sont en place et certains territoires, dont l’Australie-Occidentale et Victoria, l’ont enfin déclaré comme espèce menacée. Espérons que les autres leur emboiteront le pas dans un futur proche.  

NOTES

* C’est une vraie histoire. Parce que son apparence était si étonnante, les naturalistes de l’époque croyaient qu’un farceur avait posté le bec d’un canard attaché au corps d’une loutre en Australie pour jouer un tour. Ce n’est qu’après des examens laborieux du premier spécimen trouvé que le zoologiste anglais George Shaw a conclu que c’était là un véritable quadrupède, aussi bizarre soit-il! Pour assouvir ta curiosité, voici le premier dessin qu’il en a fait.

** Apparemment, lorsque le poil de l’ornithorynque est sous une lumière ultra-violette, il absorbe les UV au lieu de les réfléchir et devient fluorescent. Cette bioluminescence pourrait faciliter son camouflage contre la prédation nocturne.  

*** C’est un des seuls animaux à nager en utilisant presque uniquement ses pattes avant dans un mouvement d’alternance. Gauche, droite, gauche, droite... Ses pattes arrière restent le long de son corps pour le stabiliser dans l’eau.  

**** Les ornithorynques sont territoriaux. Un mâle, spécialement pendant la période de reproduction, pourrait protéger une section de berge qu’il partagerait avec quelques femelles.  

***** Le venin des ornithorynques n’est pas mortel pour les humains, mais il est ô combien douloureux de se faire piquer par ces créatures. Il peut provoquer une paralysie temporaire des jambes. À ce jour, on ne connaît pas d’antidote. On attend que ça passe. On dit que leur venin pourrait être mortel pour un petit animal.  

Par Anne Frédérique, chargée de conception

Sources images : Pascal Vuylsteker, gifer, Klaus, gifer

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Choix du naturaliste
Le jeu chez les animaux

Les humains ont appris à leurs animaux domestiques à jouer. Ce sont des comportements qui ne sont pas naturels. Mais qu’en est-il des animaux sauvages? Est-ce qu’ils ont des jeux?

Tu as peut-être déjà joué avec un animal de compagnie à la maison ou chez des amis : un petit pug qui a appris à aller chercher une balle et à nous la rapporter, un chat domestique qui joue avec un petit jouet ou un fil de laine qui pend de notre tricot... En effet, les animaux domestiques interagissent avec nous, les humains, et on dit souvent qu’ils « jouent » avec nous. Parfois, les jeux de ces animaux domestiques sont des jeux que les humains leur ont appris et des comportements qui ne sont pas naturels chez eux comme rapporter une balle. Mais qu’en est-il des animaux sauvages? Ceux qui vivent seuls dans la nature? Est-ce qu’ils jouent entre eux? Est-ce qu’ils ont des jeux?

Dans les années 1970 et 1980, les chercheurs ont remarqué que les animaux jouent aussi parfois tout seuls. Ils ont observé que parfois les animaux font des cabrioles, courent, se chamaillent ou manipulent un objet sans raison apparente. Ils ne sont pas en danger, ils ne sont pas en train de chasser leur proie ou de se nourrir, ils ne sont pas à la recherche d’un ou d’une partenaire et, pourtant, ils font les mêmes mouvements que pendant ces activités : en fait, ils font semblant! C’est ce que les chercheurs ont appelé « les jeux chez les animaux ».

À quoi les animaux jouent-ils?

En observant attentivement des animaux domestiques, mais aussi des animaux sauvages, les chercheurs ont répertorié trois catégories de jeux chez les animaux : les jeux locomoteurs et de rotation, le jeu avec l’objet et le jeu social.  

On appelle « jeux locomoteur et de rotation » les jeux pendant lesquels l’animal mobilise une partie de son corps (comme quand il saute, court, roule, glisse, etc.), souvent pour se déplacer d’un endroit à un autre mais pas toujours. Certains animaux comme les chiens vont poursuivre leur propre queue ou certains animaux vont se pendre la tête en bas comme le singe Gibbon ou le panda. Les chercheurs ont remarqué que nos animaux domestiques le font, mais aussi certains primates (les singes) dans la nature sans notre compagnie et surtout sans raison apparente : ni par danger, ni pour rechercher un abri, ni par besoin de se nourrir ou de trouver un partenaire!  

Le « jeu avec l’objet » est un jeu pendant lequel l’animal utilise un objet et en quelque sorte se concentre pour réaliser une action à l’aide de ses muscles : il va mâcher quelque chose, tirer sur quelque chose ou pousser et déplacer des objets, etc. C’est ce que fait notre petit chat qui joue avec un petit fil de laine. Il parait que les loutres sont des animaux très joueurs et qu’elles jouent beaucoup avec des cailloux pour casser des coquillages. Elles garderaient même leur caillou préféré avec elles dans une petite poche de peau! Parfois, l’animal explore tout simplement un nouvel objet, mais certains chercheurs pensent que parfois, ils jouent avec!  

Pour finir, le « jeu social » est essentiel : c’est ce qu’on observe lorsque les animaux luttent entre eux, roulent, s’agrippent, lorsque les petits chatons se taquinent ou bien quand il y a un jeu d’approche puis de retrait entre les animaux d’un même groupe. Souvent, pendant ces jeux, les animaux ont une expression particulière, comme les singes qui ouvrent leur bouche sans montrer leurs dents. Il y a aussi parfois des cris et des vocalisations.

Bien plus qu’un jeu...

Des éthologues, des spécialistes du comportement des animaux, ont donc observé que des animaux dans la nature adoptaient des comportements qui ne leur servait à rien : ni à manger, ni à se reproduire, et ni à se protéger. Pire, il semble même que certains animaux prennent des risques sans raison! Alors pourquoi les animaux jouent-ils?

Les chercheurs pensent que le jeu chez les animaux leur permet principalement de se développer physiquement, mais pas seulement. Ils expérimentent, ils font des essais dans des conditions qui ne sont pas réellement dangereuses, mais qui leur permettent d’essayer de se comporter dans des situations nouvelles. Par exemple, ils peuvent s’approcher puis s’éloigner d’un congénère pour découvrir les différentes distances à respecter pour se signaler ou pour provoquer. Ainsi, les chercheurs pensent que les animaux découvrent leur environnement physique mais aussi social grâce aux jeux. Ils apprennent les règles sociales comme la hiérarchie ou la communication. Parfois, en se déplaçant ou en roulant, les animaux peuvent même se mettre un petit peu en danger en relâchant leur attention. Le jeu leur servirait alors à tester leurs limites et à affiner leur instinct. En gros, ils s’entraînent!

Les renards cachent de la nourriture pour que les petits la recherche. C’est bien plus qu’un jeu! Cette activité permet aux petits renardeaux de développer leur instinct, leur flair et leur curiosité pour partir à leur tour à la recherche de nourriture un jour.

Est-ce que tous les animaux jouent?

Ainsi certains chercheurs pensent que le jeu est ludique et serait le signe d’une grande intelligence chez les animaux. Beaucoup de mammifères et d’oiseaux, principalement des corvidés, ont été observés en train de réaliser l’un des trois types de jeux dont nous venons de parler. Comme pour les humains, ce sont souvent les plus jeunes qui jouent et c’est chez les animaux qui ont une grande organisation sociale que nous observons les jeux les plus élaborés comme chez les dauphins qui jouent avec à peu près tous les objets qu’ils trouvent dans leur environnement ou les loups qui renforcent leurs positions hiérarchiques pendant le jeu.  

Certains chercheurs pensent que, comme les humains, les animaux jouent avec des objets ou entre eux pour acquérir de nouvelles connaissances : ils développent leur compétence physique et ils explorent leur environnement, mais certains chercheurs pensent que même les adultes jouent par simple plaisir ou pour tromper l’ennui! Alors, on ne peut pas dire que certaines espèces ne jouent pas, même si cela n’a pas encore été observé. Ouvre l’œil et amuse-toi bien!  

Par Sarah, éducatrice-naturaliste

Sources images : Wallpaper Flare, Jennifer Cross/U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters

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