À chacun son régime : les comportements alimentaires

15/2/2023
Choix du naturaliste

Chacun a son met préféré : un croissant jambon fromage, une coquille Saint-Jacques, un gâteau blanc avec des sprinkles, un concombre du jardin bien juteux, un rack de côtes levées sur le BBQ… Tous les goûts sont dans la nature! Ajoutons alors à la liste une carcasse sur le bord d’une route, des grains de pollen, des larves juteuses sur un tronc d’un arbre, des beaux brins de gazon... car vraiment, toooooooous les goûts sont dans la nature quand vient le temps de parler d’alimentation. Manger assure la survie à court terme de l’individu. Avec la reproduction, qui assure la survie à long terme d’une espèce, ce sont les grands piliers du vivant.  

Le colibri à gorge rubis, un herbivore

Les comportements alimentaires s’inscrivent dans la mosaïque trophique et permettent aux organismes vivants d’occuper des niches différentes. C’est en quelque sorte un des moteurs de l’évolution. On n’a qu’à penser au cou des girafes, aux becs des oiseaux, au système digestif des lapins, à l'instinct des tamias de faire des réserves. On pourrait dire que les modes d’alimentation ont favorisé des comportements ou des changements morphologiques pour et contre la prédation.

 

La trinité des diètes

Il existe autant de méthodes pour obtenir sa nourriture qu’il y a d’éléments qui peuvent être consommés! Pour faire de l’ordre dans tout ça, on peut classer les mangeurs par la manière dont ils ingèrent la nourriture (le mode d’ingestion*) ou par le type de nourriture. Cette dernière est la manière la plus facile de commencer en partant des trois grands groupes les plus connus : les herbivores, les carnivores et les omnivores.

Les herbivores consomment des éléments qui viennent des plantes. Pour ce faire, ils ont un système digestif adapté à une diète forte en cellulose** et généralement une dentition faite pour mastiquer longtemps la matière. On dit « généralement », parce que certains herbivores n’ont pas de dents comme les abeilles, qui sont pollinivores. Les frugivores, granivores, xylophages (les mangeurs de bois), folivores (ceux qui mangent les feuilles) et gommivores (comme les lémurs qui mangent la gomme des arbres) sont tous des herbivores, et on en passe. Pour chaque morceau de la plante, il y a un mangeur spécialiste. Et ils mangent!!! Les herbivores doivent ingérer une grande quantité de nourriture afin de subvenir à leurs besoins nutritionnels, si on les compare aux carnivores. La viande a une plus grande valeur nutritionnelle, mais demande parfois plus d’effort à obtenir!  

Une loutre de mer, un carnivore

Les carnivores, tu l’auras compris, mangent de la chair ou des tissus d’animaux. Insectivores, piscivores (les mangeurs de poissons), molluscivores, et hématophages (les suceurs de sang comme les femelles moustiques) sont des carnivores. Les charognards et une bonne partie des parasites sont aussi du nombre. Pensons également aux organismes aquatiques qui se nourrissent de zooplancton, d’éponges marines ou de corail (comme le poisson perroquet), sans compter ceux qui raffolent d’œufs, d’écailles (comme les poissons dits lépidophages qui mangent les écailles de leurs cousins), de mucus (comme les copépodes mucophages qui se tiennent dans les branchies des poissons) et bien sûr, les cannibales. La liste est longue…. Tous ces carnivores ont des adaptations variées pour attraper leur nourriture : longues griffes, longues dents, grosses pinces, venin ou toxine, mâchoires puissantes, sens très développés, facilité de locomotion, pièges collants…

Et, finalement, le regroupement des espèces opportunistes qui ont un système digestif capable d’absorber des aliments de sources végétale et animale : les animaux dits omnivores. Ils partagent les caractéristiques des herbivores et des carnivores. Raton laveur, humain et fourmis ne sont que quelques exemples. Il faut dire que beaucoup d’espèces sont omnivores, car elles s’adaptent à leur habitat. C’est le cas du coyote, du colibri et de l’ours. On imagine facilement l’ours grizzly, les quatre pattes dans la rivière pour attraper un saumon en fraie, ou assis dans un buisson de bleuets, se gavant de baies!  

Les fluctuations et les exceptions

Les régimes alimentaires sont portés à changer. Celui de l’ours varie selon les saisons. Ces changements surviennent en réponse à la disponibilité des ressources. En été, il y a plein d’insectes et de poissons pour le grizzly. Au printemps et à l’automne, les racines, les fruits et les rameaux comblent ses petits (ou gros) creux. La diète peut aussi changer selon les populations (donc les régions), les générations, le sexe (par exemple, le mâle moustique est herbivore tandis que la femelle est carnivore) ou l’âge des individus. Pensons au papillon monarque : la chenille mange les feuilles de l’asclépiade, tandis que le papillon adulte est nectarivore. Le canard colvert adulte est omnivore tandis que les canetons se nourrissent principalement d’invertébrés aquatiques. D’ailleurs, on dit du colvert qu’il est généraliste dans son alimentation, car il tolère une grande variété de nourriture (on pourrait aussi dire polyphage, en opposition à monophage***).  

Tous les mangeurs jouent un rôle dans l’équilibre des écosystèmes. Les relations trophiques entre les maillons de la chaîne alimentaire sont si étroitement liées que lorsqu’une ressource est perturbée, cela peut avoir un impact sur l’écosystème au complet. (Il ne suffit que de penser aux cerfs de Virginie sur l’île d’Anticosti!)

Une coccinelle, un carnivore

Entre ces trois diètes, on fait le tour de tout ce qu’il y a au menu dans la nature… ou presque. Il ne faut pas oublier certains consommateurs qui ne se classent pas dans ces trois groupes de base. On pourrait les appeler les recycleurs. On parle ici des détritivores (a.k.a. les décomposeurs, qui se nourrissent de résidus de matière organique autant animale que végétale), les mycophages (mangeurs de champignons qui ne sont ni des plantes ni des animaux), les coprophages (les bouffeurs de crottes…) et les bactérivores. Ils existent aussi! Vraiment, tous les goûts sont dans la nature!

NOTES

* À chacun sa technique! S’il y a un menu pour chacun dans la nature, il y a aussi des méthodes d’ingestion pour chaque aliment. On parle de filtreurs, suceurs, lécheurs, buveurs, brouteurs, ruminants, rongeurs, piégeurs, chasseurs, etc. C’est aussi une matière de classer les mangeurs.  

** La cellulose, c’est un glucide que les animaux ne peuvent pas digérer. Ce sont les fibres insolubles dans notre alimentation. Tu peux donc t'imaginer qu'avec une diète riche en fibres, un animal ne peux pas digérer une grande partie de ce qu'il mange. C'est une des raisons qu'il doit en manger beaucoup pour subvenir à ses besoins en énergie!

** La monophagie, c’est lorsqu’une espèce consomme une seule sorte de nourriture. C’est donc une espèce spécialiste, comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette, ou encore le tamanoir qui ne mange que des termites ou des fourmis.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste seniore

Sources images : Brian Plunkett, Karen Hall, Alaska Region U.S. Fish & Wildlife Service, Anderson Mancini

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