La ouananiche : le saumon du lac

8/10/2020
Choix du naturaliste

Quand on parle de #migration, les premières espèces auxquelles on pense sont bien entendu les oiseaux. Ces volatiles, à qui l’on donne la prétention d’annoncer le printemps ou l’automne, ne sont pourtant pas les seuls à entreprendre un voyage entre leurs milieux annuels de vie. Il y aussi… les poissons! What?

Hey oui! La plupart des espèces de poissons sont des migrateurs qui suivent des cycles plus ou moins longs (à tous les jours ou tous les ans) sur quelques mètres ou… quelques milliers de kilomètres! Selon le milieu vers lequel il migre, le poisson va se voir attribuer un nom différent… promis ce n’est pas pour être plus compliqué, mais bien pour être plus précis! #rigueurscientifique

Il y a les océanodromes qui restent toujours en eau salée, les potamodromes qui reste en eau douce et les diadromes qui vont de la mer vers les rivières ou l’inverse. (C’est le cas de l’alose savoureuse dont on te parle juste ici.) Et quand on parle de diadrome on peut être encore plussss précis : selon le sens de la migration, on va leur donner encore un autre nom… ok ok promis après ceux-là on arrête! Quand les poisson partent de la mer et vont vers l’eau douce on dit qu’il sont anadromes, tandis que lorsqu’ils font le contraire on dit qu’ils sont catadromes. Finalement, (pour vrai là!) il y a aussi ceux qui font les deux : les amphidromes.  

Les poissons, comme les autres animaux, vont migrer pour une multitude de raisons : besoins en nourriture, conditions climatiques ou changements de l’environnement comme les brochets qui quittent leur herbier* d’été pour les eaux plus profondes l’hiver, et pour des besoins de reproduction.

Des saumons super contents de leur migration

Aujourd’hui, on avait justement envie de te parler d’un poisson qui est en pleine reproduction en ce mois d’octobre (un frisquet temps de reproduction, on te l’accorde!) et qui est cher au cœur des « bleuets » du lac Saint-Jean : la ouananiche. Aussi appelée saumon d’eau douce, la ouananiche est effectivement est un saumon de l’Atlantique (Salmo salar) de la famille des salmonidés, mais qui vit uniquement en eau douce. Elle est plus petite que son cousin qui lui vit en eau salée et migre pour sa reproduction en eau douce (il est donc anadrome). Son nom ouananiche serait une déformation de « aonanch », un mot montagnais qui signifie celui qui va partout, qui est partout**.

Mais comment un saumon d’eau salée a pu se retrouver à vivre dans un milieu d’eau douce comme le lac Saint-Jean? La mer de Champlain my friend! En effet, il y avait à cet endroit, il y a quelques(!) milliers d’années, une mer d’eau salée et des saumons y vivaient. On appelait cette section de la mer le golfe de Laflamme. Tranquillement pas vite, la mer s’est retirée, et les rivières du réseau hydrique ont désalinisé l’eau. Les saumons « pris au piège » se sont donc adaptés à la vie en eau douce et ont même subi des transformations physiques de génération en génération.

On ne retrouve pas la ouananiche uniquement au lac Saint-Jean! Il y en a aussi dans certains lacs de la Côte-Nord, à Montréal(!) ainsi qu’en Estrie. Par contre, pour ces deux derniers endroits, la population a été ensemencée.

Il n’existe pas beaucoup de photos de ouananiches dans leur milieu naturel, on a donc préféré cette illustration à une image d’un fier pêcheur avec son trophée!

Comme on te disait plus haut, sa migration commence en automne, lorsque l’eau atteint entre 5 et 7 °C. Elle part du lac Saint-Jean et se rend dans les rivières adjacentes, où il va se reproduire. La ouananiche est donc potamodrome. Facile! Le mâle se part alors de ses plus beaux atours en modifiant littéralement son apparence : sa tête est plus allongée et sa mâchoire inférieure présente une excroissance en forme de crochet, recourbé vers le haut***.

Les tous petits poissons nés de cette union automnale feront leur dévalaison (le contraire de la montaison, terme qu’on utilise pour le voyage vers la site de reproduction) après s’être bien imprégnés des caractéristiques de LEUR cours d’eau. C’est d’ailleurs là qu’ils reviendront eux-mêmes pour se reproduire dans quelques années. Eux aussi subiront des transformations physiques (allongement du corps, production de sécrétions et changement de couleur) pour leur permettre d’affronter la vie en lac.

Bon voyage!

NOTES

*Nenon, les poissons ne vivent pas dans des recueils de fleurs séchées… On appelle un herbier une zone dans les eaux peu profondes où l’on trouve des plantes aquatiques de manière dense. Un parfait refuge pour bien des poissons.

** (Legendre, 1967)

*** (Legault et Gouin, 1985)

Par Jennifer, éducatrice-naturaliste

Sources images :  Needpix, PikeRepo

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