La bioaccumulation

19/10/2022
Qc-Nature

La bioaccumu... quoi?! La bioaccumulation! Mais tu vas voir, ce n’est vraiment pas compliqué. Ce concept est simplement le terme accumulation, auquel on a accolé le préfixe bio qui exprime l’idée de vie ou du vivant. Le concept de bioaccumulation désigne donc l’accumulation d’un ou de plusieurs contaminants dans les tissus d’un animal ou d'une plante. Évidemment, pour qu’il y ait accumulation, cela veut dire que cet organisme ingère le contaminant plus vite qu’il ne peut s’en débarrasser.

Et euh... c’est quoi un contaminant? Très bonne question, je vois que tu es attentif! Un contaminant est une substance dans notre cas, elle peut être liquide, solide, gazeuse ou même de nature radioactive qui va nuire à la santé des êtres vivants qui y sont exposés ou altérer la qualité de l’environnement.

Un geai bleu qui bioaccumule.

Bioamplification

La bioamplification est un type de bioaccumulation dit indirect, car elle se fait par le biais d’un ou plusieurs organismes intermédiaires qui vont être les premiers à être exposés au contaminant. Ces organismes intermédiaires sont généralement les espèces du niveau inférieur dans la chaine alimentaire.

Bon, OK, plus concrètement, imagine que dans les années 50-60 le gouvernement encourage l’usage d’un super pesticide. On pourrait par exemple l’appeler dichlorodiphényltrichloroéthane, et même lui donner un surnom, disons DDT. Imaginons donc que le gouvernement encourage l’usage massif de ce DDT, car il est très efficace pour tuer certains arthropodes jugés nuisibles comme les moustiques ou encore la tordeuse de bourgeons de l’épinette. Super, non?! Enfin une solution miracle! Mmm, pas si sûr... parce qu’imagine toi aussi que ce genre de pesticide mette beaucoup de temps à se décomposer. Il commencerait alors à s’accumuler dans l’eau, dans les plantes et les petits animaux qui sont à la base de la chaîne alimentaire. Imaginons donc que ce DDT s’accumule en petite quantité dans les insectes qui vont consommer les plantes traitées. Puis en plus grande quantité dans des oiseaux comme le geai bleu, le carouge à épaulettes ou encore l’étourneau sansonnet qui consomment ces insectes en grand nombre. Imagine maintenant la quantité de DDT qu’on retrouverait dans un prédateur comme le faucon pèlerin qui se trouve en haut de la chaîne alimentaire et qui ne consomme que des proies comme le geai bleu ou le carouge!

Un faucon pèlerin qui pourrait être plein de DDT...

Je sais, je sais, tu m’as démasqué! Je l’avoue, je ne l’ai pas vraiment inventé mon histoire de DDT! Mais cet exemple, bien réel, de bioamplification a malheureusement failli se solder par la disparition du faucon pèlerin. Si la forte concentration de DDT dans son organisme n’était pas suffisante pour le tuer directement, elle venait cependant affecter sa capacité à se reproduire. Le pesticide venait, en effet, entraver la capacité du faucon pèlerin à produire une coquille d’œuf assez solide pour supporter le poids de la femelle pendant l’incubation. La mère ne pouvait donc plus couver ses œufs qui s’écrasaient sous son propre poids*. Quelle horreur!  

Un autre exemple de bioamplification serait la présence de fortes concentrations de mercure chez les grands poissons carnivores comme le thon ou le requin.

Bioconcentration

Par opposition à la bioamplification, la bioconcentration est un type de bioaccumulation direct. Ici, pas besoin d’intermédiaire, l’organisme vivant va directement être contaminé depuis son milieu environnant. On peut penser, par exemple, au cas de la truite arc-en-ciel. C’est une espèce qui, en s’alimentant, a tendance à absorber une grande quantité de contaminants directement depuis le milieu aquatique au sein duquel elle évolue. C’est également la raison pour laquelle les scientifiques se servent de ce petit poisson comme bio-indicateurs, pour surveiller la qualité des eaux et notamment leur concentration en métaux lourds.

Des truites arc-en-ciel qui bio-indiquent.

Un bio-indica...quoi?! Un bio-indicateur! Mais tu vas voir, ce n’est vraiment pas compliqué. Ce concept est... Euuuh oui bon, là par contre, ça prendra un nouvel article. Si tu veux, pour faire court, ce sont des indicateurs vivants de la santé d’un écosystème ou de la qualité d’un milieu, comme le lichen et certains amphibiens. Mais si tu patientes un peu, on y reviendra!

NOTE

* Heureusement, l’usage du DDT a été limité en Amérique du Nord dès le début des années 70, puis définitivement banni pour l’agriculture à l’échelle de la planète en 2004, lors de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants. Le faucon pèlerin, lui, a pu être sauvé grâce à des programmes d’élevage et de remise en liberté menés par plusieurs fauconniers à travers le pays. Il s’agit, encore aujourd’hui, de l’un des programmes de rétablissement d'espèces en danger parmi les mieux réussis.

Par Gabriel, éducateur-naturaliste

Sources images : GUEPE, James St. John, U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters, Pacific Northwest National Laboratory - PNNL

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