Flexibilité et homosexualité

15/7/2019
Question du public
« Les animaux peuvent-ils être homosexuels? »

Quelle question intéressante quand le Festival Fierté Montréal est à son peak! D’abord, avant qu’on se lance, il faut comprendre que le terme homosexualité peut être défini comme une « attirance sexuelle pour les personnes de son sexe (par opposition à hétérosexualité) ». Mais, on ne va pas se mentir, c’est beaucoup plus que ça, c’est aussi une identité parce qu’on y attache tout un caractère social, et ça, c’est propre aux humains. Pour appliquer ce concept aux animaux, il faut utiliser le terme homosexualité en le considérant biologiquement : homo-, signifie « le même » ou « similitude » et -sexualité englobe les comportements relatifs à la reproduction et tout ce qui s’y rattache.  

Il y a très peu de recherches concernant l’homosexualité chez les animaux. Pendant longtemps, on ne voulait pas faire de recherches sur ce sujet qui était tabou, et même aujourd’hui, alors que c’est très connu, c’est encore assez marginal. On a donc peu de sources fiables. Toutefois, il y beaucoup d’observations en milieux naturels, même qu’on pourrait presque dire que toutes les espèces animales ont des comportements homosexuels.* Les raisons sont nombreuses et (encore) personne ne s’entend. Est-ce les gènes? Est-ce l’adaptabilité ou des processus évolutifs? Est-ce les hormones? La magie? Difficile à dire.


Macaques japonais

On a choisi pour toi un bunch d’exemples de comportements homosexuels dans la nature pour te donner une idée.

Dans une grande partie des populations de dauphins, on a enregistré des comportement homosexuels (autant mâle-mâle que femelle-femelle). Ils auraient lieu pour solidifier les liens entre les individus, augmentant la volonté de se protéger les uns les autres et l’entraide pour trouver des ressources. On voit le même genre de comportement chez beaucoup de singes, dont les macaques japonais. Les observations, dans ce cas, montrent que ces comportements sont liés aux rangs sociaux et à l’acceptation des individus dans le groupe.

En période de chaleur, les bisons sont hot pour tout ce qui bouge. ¯\_(ツ)_/¯ Le taux hormonal élevé fait en sorte que dans un troupeau, il n’est pas rare de voir des comportements homosexuels fréquents et très intenses. Même les démonstrations nuptiales peuvent se faire entre deux individus du même sexe. Même chose avec les chauves-souris. Elles démontrent une gamme vraiment large de comportements homosexuels (spécialement entre les mâles), du léchage, aux appels nuptiaux en allant jusqu’à la copulation.

Les insectes aussi présentent des comportements homosexuels : à l’émergence des adultes, les mouches à fruits mâles s’accouplent avec toutes les autres mouches à fruits qu’elles rencontrent, mâles ou femelles, pour s’assurer un plus grand succès reproducteur. Elles finissent avec le temps (quelques heures, pour les plus futées, ou quelques jours) par reconnaître les phéromones des femelles et délaissent les autres mâles. Dans le cas des ténébrions, ils ne font pas de différence : les mâles déposent du sperme sur tous les individus dans l’espoir de féconder une femelle, directement ou par mâle interposé. Pourquoi pas!


Albatros de Laysan

Chez les oiseaux, on voit souvent des appariements de deux individus du même sexe. Ça arrive quand il y a nombre limité de l’un ou l’autre des genres. Dans le cas des albatros de Laysan, les jumelages femelle-femelle pour élever un oisillon sont fréquents et c’est une adaptation au manque de mâles dans certaines colonies. Ces couples homosexuels durent pour des années! Elles sont moins efficaces qu’un duo mâle-femelle pour assurer la survie des petits, mais le taux de survie reste plus grand que si une femelle couve seule. Chez les cygnes noirs, ce sont les paires mâles-mâles qu’on voit le plus souvent. Après avoir volé un œuf à une couple mâle-femelle, ils couvent et prennent soin du petit. Ici, le taux de survie de l’oisillon est plus élevé qu’avec un couple mâle-femelle! Probablement parce qu’ils ont plus de facilité à protéger un territoire (le même phénomène se produit aussi chez les flamants roses).

Le cas des lézards à queue en fouet est intéressant parce que tous les individus sont des femelles et elles se reproduisent par parthénogénèse**. Pour qu’il y ait production d’hormones (et donc ovulation), ces lézards simulent des accouplements. Selon le taux d’hormones, une des deux femelles (celle avec le taux le plus bas) jouera le rôle « masculin ».

Et finalement, un petit mot sur nos plus proches cousins, les Bonobos. Ils sont connus pour êtres des primates hyper sexuels. En fait, leur vie sociale repose principalement sur les rapports sexuels entre les individus. Ces grands singes auraient le plus haut taux de relations homosexuelles de tous les primates. 60 % de l’activité sexuelle serait entre femelles.

D’un point de vue écologique, ces comportements devraient sembler contre-évolutifs. Selon Darwin, un des objectifs des animaux est de procréer pour assurer la pérennité de leurs gènes. La reproduction, pour eux, c’est l’objectif de la vie (de la survie). Alors, pour beaucoup d’espèces les comportements sexuels sont primordiaux et très courants. Si on pense à ça, est-ce que ce besoin de procréer ne pourrait pas causer un engouement sexuel (pour ne pas dire sex craze) tellement grand qu’il pourrait déborder vers des comportements homosexuels?

Selon la littérature scientifique, les humains seraient la seule espèce avec un caractère homosexuel véritable***. Les animaux ne rentrent pas dans une catégorie « traditionnelle » d’orientation sexuelle. Ils utilisent les comportements sexuels pour plusieurs raisons, (relations intraspécifiques, reproduction et succès reproducteur, plaisir peut-être?, lien entre les individus, etc.), une telle diversité signifie être flexible. Il y a de quoi à apprendre ici! Malgré tout, le choix du partenaire sera principalement hétérosexuel pour maximiser la survie de l’espèce. Et même si l’homosexualité a été observée à maintes reprises dans la nature et que certaines espèces ont des prédispositions pour ces comportements, on considère ça comme une rareté. On les considère comme d’autres bijoux uniques à étudier pour essayer de comprendre la nature, dans tous ses détours et toute sa splendeur!

NOTES

* À l’exception d’espèces qui n’ont pas comportement sexuel, comme les oursins. Aussi, une partie du règne animal est hermaphrodite, on pourrait alors les considérer comme « bisexuels ».

** C’est un bien grand mot pour dire « reproduction sans fécondation ». On t’explique ça ici.

*** Oui, mais une recherche menée sur des moutons domestiques aurait démontré que dans la population à l’étude des individus préfèrent les relations mâles-mâles même lorsque des femelles fertiles et matures sont disponibles. Pourquoi? Les mâles homosexuels pourraient l’être pour ne pas nuire aux mâles plus productifs et ainsi maximiser la productivité du troupeau. D’ailleurs les sœurs des moutons homosexuels seraient plus productives. Ce phénomène ne se produit que chez ces moutons élevés depuis des décennies pour produire des femelles qui se reproduisent aussi souvent que possible, résultat de brassage génétique. Ces moutons sont prédisposés à l’homosexualité, mais ça reste marginal.

Sources images : Pixabay, US Fish & Wildlife Service

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