La compétition

12/3/2020
Qc-Nature

On sait que dans les écosystèmes, il existe des relations entre les éléments qui les composent. Une des plus simples relations et des mieux connues est celle de la prédation. Mais il en existe des tonnes d’autres! La compétition en est une, et elle influence pas mal de choses. Non, la compétition, ce n’est pas les Olympiques des animaux. C’est plutôt une réponse tout à fait normale à un phénomène de pénurie.

Les scénarios possibles

Imagines. T’arrive à l’épicerie, il reste seulement une tomate, et tu en as vraiment de besoin pour faire ton souper. Tu te précipites entre les étalages pour finalement mettre la main dessus. Ta main se pose sur la tomate en même temps que celle d’une mamie. Les deux, vous voulez la tomate. Dans notre réalité d’humain, tu vas probablement poliment laisser la tomate à la personne âgée, mais dans la nature, ça serait un tout autre scénario.

Quand on parle de compétition, on parle de rivalité entre les espèces ou les individus pour l’accès aux ressources alimentaires, territoriales, partenariales, etc., qui seraient limitées. C’est la rareté d’une ressource qui favorise les mécanismes de compétition.

Il existe de la compétition entre les individus d’une même espèce, lorsque la ressource est un partenaire. C’est la compétition intraspécifique. Lorsque la ressource voulue est alimentaire ou liée à l’espace vital, comme des sites favorables à la nidification, des dortoirs ou encore des territoires de chasse, la compétition peut se faire entre individus de la même espèce, mais plusieurs espèces peuvent aussi compétitionner. On appelle ça la compétition interspécifique.

L’accès à l’eau et à la nourriture peut créer de la compétition entre les espèces et les individus

Un premier rôle

Dans la nature, la compétition joue un rôle de premier plan dans l’évolution et dans l’organisation des populations, en régulant la distribution et l’abondance des espèces*. Sans parler du fait que certaines ressources représentent la vie ou la mort (comme la nourriture ou l’eau) et que la compétition pour ces dernières est loin d’être anodine.

Qu’elle soit intra- ou interspécifique, la compétition joue un rôle dans le processus évolutif. Les individus plus forts ou mieux équipés (avec des meilleurs gènes) ont un avantage dans les situations de compétitions et ont plus de chances de transmettre leurs traits avantageux, leurs bons gènes, aux générations suivantes. C’est encore une histoire de succès! Les pressions que la compétition exercent sur des espèces peut faire varier le phénotype d’une espèces: avec le temps, une espèces peut développer des traits avantageux pour la compétition, comme des feuilles plus grandes pour capter plus de lumière, un panache plus grand, des graines plus nombreuses…

Ensuite, la compétition peut influencer l’organisation des espèces dans le paysage. Il peut y avoir une variation des niches écologiques**, ou encore des chevauchements de niches. Par exemple, deux espèces d’oiseaux sont connues pour nicher dans les branches les plus hautes des sapins. Une des espèces est un meilleur compétiteur et force la seconde à nicher dans les branches les plus basses des conifères, plus près des prédateurs. La niche de ce dernier a été modifiée par la pression de la compétition et rend, par le fait même, l’espèce plus vulnérable et donc moins successful.  

Des lézards australiens en compétition

Dans le théâtre de la nature

On assiste à des représentations de compétition régulièrement dans la nature et ce, même sans s’en rendre compte. C’est le cas dans une forêt, lors de la succession végétale***. Après une perturbation d’un milieu, comme un incendie, des espèces, comme les bouleaux, qui ont besoin de beaucoup de lumière, vont s’installer. Quelques années plus tard, le sapin baumier s’installe et pousse à l’ombre des bouleaux. En 20 ans, le milieu est dominé par les sapins. Les bouleaux meurent lentement. Finalement, l’hêtre, une espèce d’ombre, pousse sous les sapins. Éventuellement, les grands hêtres prendront la place des sapins. C’est une looooooongue compétition pour la lumière entre les arbres d’une forêt.

D’autres exemples?

Les fleurs printanières ont développé une floraison hâtive, avant que les feuilles des arbres ne soient développées, pour profiter de la lumière et pour éviter la compétition.

Une espèce de roseau envahissant, comme le phragmite, assèche les milieux humides avec leurs racines et font compétition aux quenouilles pour l’espace et les ressources.

Dans les grands troupeaux, comme ceux des zèbres, si les individus sont trop nombreux pour les ressources disponibles, il y aura compétition pour la nourriture et l’eau, par exemple.

La sélection sexuelle en elle-même est une compétition intraspécifique entre les mâles pour accéder aux femelles. Les cerfs de Virginie mâles initient des combats, les éperviers font des compétitions de vols acrobatiques, les épinoches tentent de construire un plus beau nid que leur voisin.

Dans la nature sauvage, si la dernière tomate à l’épicerie était une ressource essentielle, il y aurait eu un combat entre Mamie et toi, ou encore une démonstration de force, par des cris ou une parade, ou bien la tomate aurait pu être volée d’un panier à l’autre… mais, on n’est pas dans la nature sauvage.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à long terme, la compétition dans les écosystèmes devient, par le principe de sélection naturelle, un facteur d’évolution de la végétation ou de la diversité animale. C’est pas rien.

NOTES

* La distribution, c’est la place qu’une espèce va prendre dans l’espace (sur un territoire). L’abondance, c’est le nombre d’individus, ce qui représente en quelque sorte le succès d’une espèce. On a déjà effleurer le sujet quand on calculait la biodiversité.

** Une niche écologique, c’est le rôle d’une espèce dans le fonctionnement de l’écosystème. On dit souvent que « l’habitat serait l’adresse d’une espèce et que sa niche serait son métier ».

*** La succession végétale, c’est un phénomène forestier au cours duquel, les espèces dominantes d’un milieu se succèdent selon leurs adaptations. On t’en parle ici.

Par Anne-Frédérique, éducatrice-naturaliste

Source image : Pxhere

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